Le monde où tu vas Mon garçon Je n'le connais pas Et je le crains Moi j'ai été el'vé Avec les idées d'après-guerre Tes grands-parents Etaient certains Que leurs enfants Feraient mieux qu'eux Comm'les ruisseaux font les rivières Aujourd'hui c'est la route à l'envers Le monde où tu vas Mon garçon je m'y perds Je te laisse mes chansons Mon chapeau mes livres et mes prières Et une jolie maison où j'ai aimé ta mère J'ai détesté l'école Qui me l'a bien rendu Mais j'ai fait l'métier Que j'ai toujours voulu Je n'crois pas qu'un diplôme M'eut été nécessaire Le monde où tu vas Mon garçon je m'y perds Essaie d'être un homme idéal A tes risques et périls Attelle ton char à une étoile Entreprends des rêves inutiles Tâche au moins d'avoir un projet Le monde où tu vas je le hais Allez salut Je vais dormir J'ai la fatigue un peu amère Je m'fais l'effet D'être un martien Un rev'nant d'un passé lointain Le monde où tu vas Mon garçon Je n'le connais pas Et je le crains Moi j'ai été el'vé Avec les idées d'après-guerre | Ce n'est ni la chanson la plus drôle, ni la plus porteuse d'espérance que j'ai choisie. Je l'écoutais un soir de découragement, prête à suivre Sardou dans ces tristes perspectives. Heureusement, un sursaut d'espérance m'en fit prendre le contrepied. Je vous le partage pour qu'il puisse peut-être vous être un petit encouragement. « Le monde où tu vas, mon garçon, je ne le connais pas et je le crains. » Face à lui, j'éprouve un premier réflexe d'appréhension. Si je n'ai pas été élevée dans « les idées d'après-guerre » au sens historique du terme, je l'ai été quelque peu dans le sens où toute génération a vécu sa propre guerre avant de la passer à la génération nouvelle. Si la guerre du respect absolu de la vie humaine semble avoir été perdue (quelles législations dans tant de pays!), l'heure n'est toujours pas à baisser les bras. La vision que Sardou présente est celle du ruisseau qui suit, inéluctablement, le courant vers le bas. Si « la nature suit son cours » il ne faut pas oublier que le saumon remonte le courant pour donner naissance à ses petits. Là réside mon espérance : nous ne sommes pas des êtres passifs. Ce qui nous caractérise est l'amour qui est en nous. Parfois il semble bien enfoui, mais ce n'est qu'une apparence. Il n'attend parfois qu'une étincelle pour allumer le brasier. Quand on en connaît la force, nous savons que c'est lui, l'amour, qui peut révolutionner le monde. Attention, je ne parle pas de flatterie ou fausse sensibilité, de pitié fallacieuse, … mais de la force du véritable Amour. Celui qui aime pour construire, pour faire grandir, celui qui est là pour soigner. Oubliez-en la contrefaçon qu’on vous propose; elle ne mérite pas l'attention qu'on lui porte. « Je ne crois pas qu'un diplôme m'eût été nécessaire. » Aujourd'hui, c'est souvent nécessaire. Mais pas dans tous les domaines qui comptent vraiment. Le bonheur n'a pas besoin de diplôme. Une parole aimable, un service rendu, faire grandir ses enfants : diplômé ou pas, vous pouvez le faire. Mieux encore : diplômé ou pas, il est nécessaire que vous le fassiez ! Pas besoin de diplôme pour être heureux ou aimé. Que cela ne soit donc jamais un motif de découragement : vous êtes un expert en humanité par la vertu même de votre existence. Depuis votre naissance vous exercez à chaque seconde vos qualités humaines. Si par hasard vous vous rendez compte que vous auriez pu faire davantage, cette expérience en est une de plus, et voilà un nouveau départ ! Les chutes que vous avez connues sont autant de bonnes expériences. On a tous dû passer par les fautes de français avant de comprendre la logique de cette langue belle et difficile. Il en va de même dans tous les grands domaines de la vie si nous gardons l'esprit et le coeur éveillés. Vous avez donc tout au fond de vous de quoi rendre meilleur « ce monde que je ne connais pas ». De quoi dissiper mon premier sentiment d'inquiétude. J'ai confiance en nous, ensemble nous pouvons y arriver. Ensemble nous ne connaîtrons pas cette fatigue amère. En changeant notre monde, nous rendrons l'amour actuel pour ne jamais sembler être des revenants d'un passé lointain. Noël nous le rappelle : l'Amour a un visage, Il change notre existence pourvu que nous nous laissions saisir par lui, et par lui le monde entier peut changer ! |
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Anne-ChantalEtudiante en littérature, Anne-Chantal vous livre à chaque fois que l'actualité lui laisse un peu de place dans le périodique, un commentaire sur une chanson qui l'a touchée! A suivre :) Archives
April 2017
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