A première vue, une chanson banale qui raconte la vie classique des parents. On construit sa maison et petit à petit elle est métamorphosée par ses jeunes occupants : des chambres qui doivent être ajoutées, la cuisine qui est à agrandir ou tout simplement des petits détails pratiques comme une barrière devant l’escalier… Des pleurs, des cris, des bagarres et aussi du bonheur, des hourras, des chants, des câlins, des rires, de copieux quatre-heures,… voilà tout ce qui fait la vie de la maison. Mais aussi des encouragements ou des remarques comme « laisse ton frère tranquille », « finis tes devoirs », des lamentations « il est trop lourd mon cartable », ou tout simplement «les enfants: à table !». Ces phrases qui sont connues par tout le monde et qui peuvent elles aussi paraître si communes, si ordinaires ont parfois un impact considérable sur la vie de famille. Après ces cris de guerres et cris de joies c’est le silence complet qui se construit tout doucement suite aux départs successifs des enfants. Les constructions se révèlent dès lors sans importance et du coup il faut tout réaménager pour tenter de masquer les départs et le vide accumulé. On aménage des chambres d’amis, un bureau, … Mais heureusement les petits-enfants apparaissent tour à tour et brisent se silence glacial par leur rire réchauffant et tout reprend vie : du grenier à la cabane ils auront vite fait de tout coloniser. Jusqu’au congélateur dans lequel les grands-parents attentifs auront placé des glaces qu’ils dégusteront avec délice sous l’oeil attendri de leurs parents et grands-parents. C’est vrai, c’est peut-être ordinaire comme histoire, elle est vécue par tant de gens, mais chaque famille va ajouter à ce profil familier son histoire avec ses noms et ses personnages. Y ajouter une anecdote comique ou des moments douloureux vécus ensemble dans l’unité familiale. Et du coup ce ne sera plus du tout une histoire ordinaire, mais une histoire unique, une aventure toute spéciale, qui malheureusement est parfois trop méprisée par le regard d’autrui. Et c’est grâce à ces regards confiants que nous sommes remplis de courage pour mener à bien notre mission. Qui ne s’arrêtera pas au moment ou nos enfants partiront et commenceront à leur tour leur aventure. Mais au moment ou nous serons rappelés au Père, le moment qu’il jugera utile ou nécessaire. Je crois que chaque histoire aussi ordinaire qu’elle puisse paraître au premier coup d’oeil vaut quand même toujours la peine d’être vécue. C’est pourquoi nous devons encourager toute vie à continuer son chemin. Anne-Chantal | Un terrain vague, de vagues clôtures, un couple divague sur la maison future. On s'endette pour trente ans, ce pavillon sera le nôtre, et celui de nos enfants corrige la femme enceinte. Les travaux sont finis, du moins le gros oeuvre, ça sent le plâtre et l'enduit et la poussière toute neuve... Le plâtre et l'enduit et la poussière toute neuve. Des ampoules à nu pendent des murs, du plafond, le bébé est né, il joue dans le salon. On ajoute à l'étage une chambre de plus, un petit frère est prévu pour l'automne. Dans le jardin les arbres aussi grandissent, on pourra y faire un jour une cabane... On pourra y faire un jour une cabane. Les enfants ont poussé, ils sont trois maintenant, on remplit sans se douter le grenier doucement. Le grand habite le garage pour être indépendant, la cabane, c'est dommage, est à l'abandon. Monsieur rêverait de creuser une cave à vins, Madame préfèrerait une deuxième salle de bain... Ça sera une deuxième salle de bain. Les enfants vont et viennent chargés de linge sale, ça devient un hôtel la maison familiale. On a fait un bureau dans la p'tite pièce d'en haut, et des chambres d'amis, les enfants sont partis. Ils ont quitté le nid sans le savoir vraiment, petit à petit, vêtement par vêtement... Petit à petit, vêtement par vêtement. Ils habitent à Paris des apparts sans espace, alors qu'ici.. y'a trop de place. On va poser tu sais des stores électriques, c'est un peu laid c'est vrai, mais c'est plus pratique. La maison somnole comme un chat fatigué, dans son ventre ronronne la machine à laver... Dans son ventre ronronne la machine à laver. Les petits enfants espérés apparaissent, dans le frigo, on remet des glaces. La cabane du jardin trouve une deuxième jeunesse, c'est le consulat que rouvrent les gosses. Le grenier sans bataille livre ses trésors, ses panoplies de cow-boys aux petits ambassadeurs, qui colonisent pour la dernière fois la modeste terre promise, quatre murs et un toit. Cette maison est en vente comme vous le savez, je suis, je me présente, agent immobilier. Je dois vous prévenir si vous voulez l'acheter, je préfère vous le dire cette maison est hantée. Ne souriez pas Monsieur, n'ayez crainte Madame, c'est hanté c'est vrai mais de gentils fantômes. De monstres et de dragons que les gamins savent voir, de pleurs et de bagarres, et de copieux quatre-heures, "finis tes devoirs", "il est trop lourd mon cartable", "laisse tranquille ton frère", "les enfants : à table !". Écoutez la musique, est-ce que vous l'entendez ? Écoutez la musique, est-ce que vous l'entendez ? Écoutez la musique, est-ce que vous l'entendez ? |
0 Comments
Leave a Reply. |
Anne-ChantalEtudiante en littérature, Anne-Chantal vous livre à chaque fois que l'actualité lui laisse un peu de place dans le périodique, un commentaire sur une chanson qui l'a touchée! A suivre :) Archives
April 2017
Categories
All
|