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C'est dans cet esprit que la question se précise: «Avez-vous, comme ministre, des moyens d'agir?» À cela, Laurence Rossignol répond: «Les opposants n'ont jamais désarmé. Pas une fois, pas une heure, pendant ces quarante ans, ils n'ont cessé de chercher à dissuader des femmes, à affaiblir leur droit à l'IVG. Et aujourd'hui, effectivement, leur nouveau terrain de jeu, ce sont les sites Internet, très pervers.» Laurence Rossignol révèle l'existence de ce qu'il faut bien appeler une police privée lui permettant de déclasser les opinions réprouvées par le gouvernement: «Nous avons déjà (réorganisé), avec Google en particulier, le référencement, de façon à ce que le site officiel qui est celui du gouvernement, ivg.fr, soit le premier accessible.» On comprend que cette action de censure, confirmée par la ministre, existe en dehors de la volonté du législateur. Échappe-t-elle aussi au contrôle du premier ministre, responsable devant le Parlement? La question ne lui est pas posée.
La ministre prévient qu'une nouvelle étape commence: «Maintenant, il faut aussi aller dénoncer la duplicité et la pointer. Il existe des outils juridiques qui ont été créés pour, justement, dissuader et limiter l'impact de ces opposants à l'IVG.» Et la ministre annonce la création prochaine d'un délit d'opinion. Mais quelle opinion s'agit-il de combattre? Il suffit de se rendre sur les sites pointés par le journaliste et la ministre pour voir qu'ils ne constituent pas un «leurre» ni ne cherchent à prendre les apparences d'un site officiel. Ils ne dissimulent pas que l'IVG est un droit. Ils alertent, parce qu'ils pensent devoir le faire, à tort ou à raison, contre les décisions précipitées, contre les pressions qu'exerceraient dans certains cas les hommes sur les femmes (sosgrossesse.org) ; ils abordent aussi la souffrance et la détresse que peuvent éprouver les femmes après un avortement (sosbebe.org). Fournir des raisons de ne pas avorter est donc en train de devenir un délit.
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