Dimanche 4 février 2018 - 5e dimanche ordinaire – Année B
Jb 7,1-4.6-7 ; Ps 146, 1.3-7 ; 1 Co 9,16-19.22-23 ; Mc 1,29-39
Que lui reste-t-il ? Le suicide assisté ? Une demande d’euthanasie au nom de sa perte de dignité ?
Non, il s’adresse à Dieu. C’est cela qui est extraordinaire ! Si Job s’adresse à Dieu, c’est qu’il sait qu’il n’a pas perdu sa dignité, qu’il est encore assez digne pour s’adresser à Dieu. Son entourage le juge indigne. Lui a compris la plus grande dignité de l’homme qui, au-delà des apparences, lui permet de parler à Dieu.
Quand nous sommes réduits à rien, le monde ne nous pense plus dignes d’exister.
Quand nous sommes réduits à rien, Dieu nous donne l’insigne dignité de nous adresser à lui.
Là où le monde prône la mort comme solution des problèmes : par exemple pour l’enfant non désiré, le futur handicapé, le vieillard cacochyme, Dieu, lui, prône l’amour.
Devant un surcroît de souffrances, la seule réponse digne est un surcroît d’amour.
C’est la réponse de Jésus. La belle-mère de Simon Pierre est malade. Il la guérit plutôt que de la laisser au fond de son lit. Ensuite il se dépense sans compter pour ces pauvres gens accablés de souffrances en les délivrant de leurs maux. Mais il n’oublie pas la source de l’amour, son Père, qu’il rejoint la nuit dans la prière. C’est cela, la vraie dignité.
Aujourd’hui on nous parle de mort digne pour justifier l’euthanasie. On se sert de la belle notion de dignité pour donner la mort.
Mon père jusqu’à ses 98 ans était autonome, il avait toute sa tête et nous étions très fiers de lui. A ce moment-là, il a fait une méningite fulgurante qui ne l’a pas tué mais qui lui a laissé des séquelles cognitives. Ses propos n’étaient plus cohérents, mais il nous reconnaissait et il était heureux de nous voir. Nous nous sommes relayés, ses enfants, afin que presque tous les jours nous soyons près de lui. Un an après, il est mort, paisiblement, en souriant et nous avons même pu joyeusement fêter son anniversaire quelques jours avant son décès.
La seule dignité de l’homme, c’est d’être aimé jusqu’au bout.
La seule liberté de l’homme, c’est d’aimer jusqu’au bout.
Voilà le message du Christ transmis par sa Parole et par toute sa Vie. Voilà aussi la raison du cri de saint Paul : « malheur à moi si je n’annonce pas l’évangile ».
Soyons, nous chrétiens, les messagers de l’évangile de l’amour, non seulement par notre parole mais surtout par notre façon de vivre.
+ Michel Aupetit, archevêque de Paris.