[…] Mais l’homme n’est pas juste un amas de cellules. Il a une âme. Un cœur aussi. Et le combat entre Éros et Thanatos subsiste.
Une mentalité thanatophile redoutable dévore insidieusement nos esprits. Les nouvelles mortifères et angoissantes alarment sans répit nos consciences : la mort de la planète, la mort de la démocratie, la mort de diverses doctrines économiques, la mort de l’intimité, la mort de la liberté, la mort de la religion… L’anxiété nous gagne et nous paralyse en créant un sombre esprit de nécropole.
Presque tout a déjà été dit sur le projet de loi de la fin de la vie. Les motivations bibliques, psychologiques, philosophiques, juridiques et médicales ont été mises en valeur. Les « pour » et les « contre » se sont exprimés avec l’ensemble des arguments possibles. Souvent un vent de caricature règne en classant les uns comme progressistes et les autres comme conservateurs.
Faut-il se centrer sur « la fin » ou sur « la vie » ? Légaliser la fin de la vie par une mort « autorisée » est un échec de notre corps social et de nos politiques. Cela signifie que la qualité de la vie relationnelle et sociale s’est vidée de sa substance. Le célèbre « vivre ensemble » n’existe plus que d’une manière artificielle, à coups de loi préfabriquée et factice. La fraternité et la solidarité avec les plus vulnérables sont devenues une réalité vide. Les forts l’emportent et les faibles disparaissent.
Serions-nous tombés dans la loi de la jungle ? Si les plus petits ne sont pas protégés, peut-on dire qu’une nation soit évoluée ? Notre société – dite civilisée – ayant soigné l’avoir, le pouvoir, le faire et le savoir a oublié de soigner l’être. Et nous voyons des existences fades et creuses trouver quelques échappatoires dans les anxiolytiques ou les drogues. On existe mais on ne vit plus. On marche vers la mort passivement en constatant une crise de l’espérance. L’Occident désenchanté est un huis clos sartrien implacable et morbide.
Il y a quarante ans le président François Mitterrand optait pour « la vie à tout prix » avec l’abolition de la peine de mort en prenant le risque d’aller à contre-courant de l’opinion majoritaire. Aujourd’hui, nous risquons de basculer vers une vie sans prix, une vie à bannir.
Il est grave de constater qu’une loi de fin de vie se prépare mais il est terrifiant de savoir que des personnes puissent imaginer demander la mort à l’État. Pourquoi la mort ? Quels dysfonctionnements personnels et relationnels polluent notre vie pour exiger la mort ? Pourquoi demander un acte létal au lieu d’un acte vital ?
L’Occident a perdu l’esprit pascalien du christianisme qui prêche la vie, l’avenir, l’aventure, le rêve… Qui se lève pour annoncer la charité, l’espérance, la joie ?
Lu sur le Salon Beige
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