La législation espagnole sur l'avortement date, dans son ensemble, de 1985. Mais des modifications substantielles y avaient été apportées en juillet 2010 par José Luis Rodriguez Zapatero. C'était d'ailleurs l'une des mesures phares du gouvernement socialiste, qui plaçait l'Espagne en tête des pays les plus libéraux en matière de droit à l'avortement. Le texte permettait aux femmes d'avorter jusqu'à la quatorzième semaine de grossesse sans justification, et jusqu'à la vingt-deuxième en cas d'anomalies graves du fœtus, moyennant l'approbation de deux médecins.
L'ONG MÉDECINS DU MONDE S'INQUIÈTE DES CONSÉQUENCES
Les associations féministes et de gauche ont appelé à la mobilisation contre le nouveau projet de loi adopté par le cabinet de M. Rajoy, car le texte a toutes les chances d'être ensuite voté au Parlement. La numéro deux du Parti socialiste espagnol (PSOE), Elena Valenciano, a convoqué un comité de direction d'urgence vendredi. « Nous n'allons pas revenir en arrière de trente ans, et surtout nous n'allons pas nous résigner, abandonner ou être intimidées. » Mardi, plusieurs députées de gauche ont signé un « pacte pour le droit à l'interruption volontaire de grossesse » émanant d'un collectif de deux cents associations de femmes, appelant les soixante-seize députées du PP à les rejoindre. Elena Valenciano a demandé que le vote au Parlement se fasse à bulletin secret pour que chaque élu puisse voter « en conscience » en dehors des pressions du parti.
« Les lois restrictives ne réduisent en aucun cas le nombre d'avortements. Elles aboutissent à ce que les femmes qui ont le moins de moyens financiers interrompent leur grossesse dans des conditions peu sûres et qui peuvent mettre leur vie en danger », s'est alarmée l'association Médecins du monde. Sur les réseaux sociaux, les réactions indignées se multiplient, notamment sur Twitter sous le mot-clé #MiBomboEsMio (« Mon ventre m'appartient »).
Les opposants à l'avortement se sont eux félicités que le gouvernement ait « enfin décidé » de tenir « une promesse qui avait été retardée avec excès » et « d'en finir avec le fléau de l'avortement », selon un communiqué de l'association Droit à la vie, pour qui « c'est un pas en avant vers l'objectif de parvenir à l'avortement zéro ».
En 2011, 118 359 IVG ont été enregistrées en Espagne et 113 031 en 2010. Selon une étude de l'institut Metroscopia, publiée en mai dans le journal El Pais, 46 % des Espagnols sont favorables au maintien de la loi de 2010 contre 41 % en faveur de la limitation de l'avortement.
source: Le Monde