S’il nous fallait retenir deux idées de la conférence, ce serait d’abord que l’euthanasie n’est pas un acte individuel, mais qu’elle porte atteinte à toute la société et ceci à deux points de vue. Non seulement parce que tous nous sommes touchés par l’onde glacée que propage cette demande de mort, par cercles concentriques comme ceux que produit un caillou jeté dans l’eau : la famille et les proches, les soignants qui ont pratiqué l’acte (de plus en plus poussés à le pratiquer), ceux qui en entendent parler et qui se sentent interpellés par cette demande, ceux qui en souffrent, ... mais encore parce que tous nous sommes appelés à soutenir les personnes souffrantes qui expriment une demande d’euthanasie ou risquent de le faire. Chaque euthanasie est un échec sociétal parce qu’elle signifie qu’une personne a préféré mourir plutôt que passer encore quelques instants dans notre société; demandons-nous dès lors ce que nous pouvons faire personnellement pour prévenir ces actes. C’est cela la vraie solidarité.
Voilà pourquoi “l’euthanasie tue... et pour longtemps”: l’euthanasie ne s’arrête pas à la mort du patient, mais continue à produire un effet dans la vie des proches (ou moins proches). C’est le long déclin d’une société qui, en quête d’elle-même, demande la mort.
Mais comment réagir? Carine Brochier nous donne trois pistes, trois phases importantes. Premier mot d’ordre, la douceur! Il ne faut pas oublier qu’on touche aux personnes, à des personnes qui souffrent. Il s’agit donc d’avoir un coeur, un coeur bienveillant et aimant, ce qui n’exclut pas la clairvoyance. Ainsi, ne nous laissons pas submerger par l’émotionnel, mais écoutons en nous la raison associée au mouvement du coeur : pourquoi, comment aider ? En quels termes rationnels défendre la vie contre l’option de mort ? Et comme troisième point, toujours distinguer l’acte d’une part et la personne de l’autre. Quoi qu’on puisse penser de l’acte, la personne reste un être humain et il ne nous revient pas de la juger, mais de l’accompagner.
Spécialement à ce moment de l’histoire où les faiseurs d’opinion voudraient engager notre société occidentale dans une voie individualiste, hédoniste, consumériste où elle ne peut que se perdre, merci à Carine Brochier de nous rappeler notre devoir de solidarité envers les plus faibles.