Parmi les exemples retenus par l'auteur, on y trouve l'avortement :
"[O]n pourrait trouver tout aussi stupéfiant que l'on continue à justifier l'IVG par "le droit des femmes à disposer de leur corps", alors qu'il est pour le moins discutable qu'un embryon contenant toutes les virtualités de l'être humain qu'il deviendra (et qu'il est déjà "en puissance") puisse être assimilé à un fragment corporel, à supposer même qu'il soit pertinent, dans une société faite d'individus interdépendants, de reconnaître à chacun un droit à "disposer de son corps".
[...] la question est de savoir si l'enfant à naître est une partie du corps féminin comme le foie ou un sein. Si l'on prenait au sérieux cette affirmation, on serait conduit à cette proposition absurde que la femme enceinte se prépare à accoucher d'une partie de son corps. [...]
Le droit d'avorter présente toutes les caractéristiques de l'idéologie : c'est un discours qui prétend à une "vérité universelle" (déclaration de "droits imprescriptibles"), masque ses origines (une inversion historique des rapportes de force), légitime un état de fait (les intérêts des femmes émancipées), et produit un rapport au réel faussé par la médiation des idées dominantes (en l'occurrence : l'illusion d'une discontinuité du vivant créée par l'alibi éthique de la dépénalisation).
Le cas de cette "idée dominante" est d'autant plus intéressant que le combat pour l'avortement s'accompagne du rejet horrifié de toute forme d'eugénisme. Or ces deux idées sont parfaitement contradictoires, car l'avortement pratiqué ne diffère en rien d'une pratique eugéniste."
Source : La femme enceinte se prépare-t-elle à accoucher de son corps ?