À bientôt 80 ans, le chanteur Serge Lama a déjà fait ses adieux à la scène et au public. Toute sa vie, il l'a vécu dans la douleur, depuis un accident de voiture à l'âge de 22 ans. Dans son portrait Audrey Crespo-Mara le questionne sur la loi sur la fin de vie qui doit évoluer en France. La réponse de l'artiste est sans appel.
L'interview de «Sept à huit» commence par le rire légendaire du chanteur alors même qu'il décrit la souffrance physique permanente qu'il ressent. «Ma jambe gauche c'est comme si je ne l'avais pas, jusqu'aux genoux je ne sens rien de tout. C'est ma jambe droite qui tient tout mon corps depuis l'âge de 22 ans, depuis mon accident» raconte-t-il. Il en est le seul survivant. Son premier amour, Liliane Benelli qui est alors la pianiste de Barbara n'a pas cette chance : «on était amoureux l'un de l'autre comme des dingues. J'ai hurlé son nom toute la nuit».
Un corps briséLa vie continue, mais les médecins ne sont pas optimistes et lui conseillent de renoncer à la scène. Il leur répond alors : «moi non seulement je recommencerai à marcher, mais vous verrez mon nom sur le fronton de L'Olympia». Il a tenu parole avec les tubes Je suis malade, Les P'tites Femmes De Pigalle ou encore D'aventures en aventures. C'est avec ce corps brisé qu'il monte sur scène car «sur scène on ne souffre pas, on retrouve sa souffrance après». Une explication au nombre considérable de concerts qui ponctuent sa carrière.
Pourtant, il renonce à une tournée d'adieux : «Je pense qu'un homme de 80 ans c'est ridicule, ça n'a rien y faire sur scène. J'ai renoncé car je ne le peux plus et que je ne le veux plus». Il réserve son dernier duo à son épouse Luana Santonino-Lama «mon denier amour et mon seul amour qui est bâti sur des fondations solides même si on a 35 ans d'écart». Et quand Audrey Crespo-Mara le questionne sur le projet de loi sur la fin de vie en France, c'est encore pour sa femme que Serge Lama a une pensée : «je crois qu'il y a une force supérieure et cette force a besoin que nous les humains, nous allions jusqu'au bout de ce qui, pour moi, est déjà un calvaire depuis l'âge de 22 ans. Donc, je pense qu'il faut que je vive ce calvaire jusqu'au bout et que je l'assume». Même si les douleurs deviennent insupportables il restera «parce que je suis chrétien» commence-t-il par argumenter, puis parce que c'est son «devoir vis-à-vis de Lu» de se battre «jusqu'au bout, jusqu'à la dernière goutte de ma vie».
Source : TvMag-LeFigaro.fr