Elle est pas belle la vie ? Oui, mais…
Je ne cesse de m’émerveiller devant la beauté de l’homme, de tout homme quel que soit son âge, sa nationalité, sa couleur, sa religion. Quand je vois un nouveau-né, je m’émerveille devant la beauté de l’œuvre de Dieu et je voudrais vous inviter tous à regarder tous ceux que vous rencontrez tout au long de vos journées avec un regard d’émerveillement. Puissions-nous tous témoigner de la beauté de la vie humaine de sa conception jusqu’à son terme naturel, oui “l’homme est homme de l’utérus au sépulcre” pour reprendre les mots de Léon Bloy.
Oui la vie est belle, mais à condition qu’elle ne soit pas abîmée, défigurée, bafouée comme elle l’est trop souvent aujourd’hui. Nous devons avoir le courage de dénoncer toute atteinte à la vie de l’homme quelle qu’en soit la nature ou les auteurs : l’existence du quart-monde demeure un scandale, l’élargissement du fossé nord-sud est inacceptable ; le tsunami idéologique fondé sur la pseudo “théorie du genre” qui déferle sur notre monde est tout aussi irrecevable, comme l’est toute atteinte à la vie d’un fœtus ou la mise en place d’un soi-disant droit à mourir dans la dignité.
Une urgence
Une Marche pour la Vie est organisée à Paris le 19 janvier. Nous devons être au rendez-vous car les attaques contre l’homme se multiplient. Dès le 20 janvier sera débattu à l’Assemblée un projet de loi pour l’égalité entre les femmes et les hommes, auquel ont été ajoutés des amendements visant à libéraliser l’avortement d’une part et à étendre le délit d’entrave à l’avortement, à l’information d’autre part. Les défenseurs de ce texte le présentent comme un « toilettage » de la loi Veil, or les modifications apportées sont fondamentales : l’avortement ne sera plus une dérogation au respect de la vie mais deviendra un droit ; la liberté d’expression sera restreinte puisqu’on devra présenter la vie et la mort comme deux réponses équivalentes.
« Qu'est-ce que l'homme, pour que tu te souviennes de lui, le fils de l'homme, pour que tu prennes soin de lui ? »
Le regard du Christ sur l’homme continue de se répandre dans le monde à travers l’Église universelle. C’est aux disciples du Christ de dire au monde la grandeur de l’homme. L’homme reste un mystère, irréductible à toute image que la société se forge sur son compte. L’urgence est donc de rappeler le caractère unique et précieux de toute existence humaine de la conception jusqu’à sa fin naturelle : « L’avortement et l’euthanasie sont des crimes qu’aucune loi humaine ne peut prétendre légitimer » avait rappelé le Bienheureux Jean-Paul II.
Servir l’homme
Quand l’humanité de l’homme est menacée, la première des charités est de s’interroger sur ce que nous pouvons faire : « Ce que vous aurez fait au plus petit d'entre mes frères c'est à moi que vous l'aurez fait. »
Pour la Bienheureuse mère Térésa, « le plus grand destructeur de la paix dans le monde aujourd'hui est l'avortement. Si une mère peut tuer son propre enfant, qu'est-ce qui pourra nous empêcher vous et moi de nous entre-tuer ? » Depuis près de quarante ans, ce sont plus de 200 000 avortements qui ont été pratiqués chaque année en France. Faire de cet acte un droit est une violence faite à tous, à commencer par les femmes et les enfants.
Suite à l’année 2013 où nombre d’entre nous ont expérimenté le « réveil des consciences » au service de la famille, continuons de nous mettre en marche au service del’homme et de tout homme. Plus les chrétiens prendront la parole dans les débats publics, plus notre monde sera sensible à une autre conception de la vie et de l’homme.
Voilà pourquoi, j’ai décidé de participer personnellement à la marche pour la Vie le dimanche 19 janvier prochain. Ne manquons pas ce rendez-vous et n’ayons pas peur de lutter contre toute atteinte à la Vie de l’homme quelle qu’en soit la forme.
Je terminerai en disant merci à tous ceux qui s’engagent au service de l’homme et de sa dignité. En effet le combat pour l’homme doit être mené sur tous les fronts où l’homme est bafoué, défiguré, atteint dans sa dignité d’homme et tout spécialement quand les plus pauvres et les plus fragiles en sont les victimes.
Avignon, le 12 janvier 2014
+ Jean-Pierre Cattenoz, archevêque d’Avignon
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